Ce dimanche 27 décembre, autour du thème “art et autonomisation de la jeune femme”, la ville de Goma à porté un toast à la quatrième édition du grand festival annuel Musika Na Kipaji , une tribune où la jeune fille peut exposer et développer librement son potentiel, avec une dizaine de talents incroyables
Par Sada Balume
On y croyait pas tous, jusqu’à ce qu’on arrive le dimache matin, 27 Novembre, au lieu du rendez-vous et qu’on trouve un gros podium déjà installé. Et les techniciens entrain de le border des lumières. On était tous stressé. Si jamais il pleut ? Si jamais personne ne vient ? Si jamais,si jamais… On avait peur de réussir.
12h00, ce qu’on craignait le plus est arrivé. Il a plu. Un peu, puis beaucoup, et puis comme si la pluie était venue bénir l’événement et repartir, elle s’est arrêté. Les expositions sont ouvertes, des différentes maisons qui se produisent dans la mode de haute game, des maisons qui confectionnent des accessoires seulement avec un fil et une nappe, et mieux encore,une entreprise qui est entrain d’imposer la culture de la perle dans la ville de Goma. “Comment des filles peuvent réfléchir comme ça? Comment des filles peuvent produire une pareille énergie?” Des questions qui se murmuraient dans la foule de bouche à oreille.
13h30, les rideaux s’ouvrent, Joviane Chanda sous les projecteurs, celle qui va accrocher le publique avec son humour. Après elle, se sont présentées deux autres figures emblématiques de l’humour de Goma,Esther Queen, qui a laissé ses vannes s’inspirer de la créature qu’elle porte dans son ventre,et Prisca the Drunker devant qui le publique ne peut jamais rester indifférent. S’en est suivi de la musique,avec Afisa Saidi qui,depuis un temps, fait des grands pas vers la couronne de la musique Gomatracienne avec ses covers. Le temps semblait s’arrêter pour le publique quand une Musika montait sur scène, on pouvait voir clairement qu’il était comme hypnotisé.Un moment consacré au Gospel avec Linda Muganda. Plus tard on s’est retrouvé plongé dans un rythme,le rap, avec Cleopatre,une fille qui connaît bien sa musique et ne rate pas une chance de mettre en chaleur son public.Et plus tard encore, Stanner, cette artiste qui a encré son nom dans les annales de la musique de Goma par sa particularité, le rap en Swahili.Et cette autre perle dont les anciens succès sont la spécialité, Bénédicte Luendo,qui a mis en trance le publique en éveillant aussi des souvenirs joyeux.Et puis cette unique danseuse, Christelle Valérie,cette fille qui danse seule et à chaque pas tout le monde crie de surprise,ou d’admiration au rythme de ses mouvements!
Mais puisque le slam c’est un basique dans ma ville,on a reçu une révolutionnaire,Patricia Kamoso, venue de Bukavu, qui lance un message de conscientisation, de féminisme, elle se demande pourquoi les religions qui étaient censées nous unir sont entrain de nous éloigner du jour le jour. Quand Ada Lulonga monte sur la scène, chaque personne se tait. Elle aime ça,elle sait créer une communion avec son public,elle y arrive parce que tout le monde , à tour de rôle,se retrouve dans chacun de ses vers.Parce qu’elle parle avec son cœur.Voilà pourquoi des goutes de larmes perlent sur les pommettes des plus sensibles quand elle rend hommage à sa mère.
La musique de Bukavu a imprégné le festival, un autre talent, Naomie Kash , une pro du reggae, un style authentique pour les africains surtout,quoi de mieux pour éveiller encore la conscience du publique !
« C’était un très beau festival, je me demande pourquoi on a pas ce genre de festival chez nous,qui met un accent sur le talent féminin. » , a témoigné avec un peu de regret Patricia Kamuso, la slameuse venue de Bukavu.
Contrairement à Ada, Franky’d, une autre des grandes figures du slam de Goma avait une grande rage. D’un texte d’amour jusqu’à parler d’elle même,de ses passions ,du mystère religieux pour finir avec une leçon qu’elle fait à la gente masculine. Surtout elle promet que la prochaine fois c’est à la femelle qu’elle s’en prendra.Mais par amour.Et la touche finale de la soirée,ce talent explosif et éminent qu’est Voldie Mapenzi ,une vraie icône. Mais puisqu’on est pas là pour parler de ses antécédents, parlons du fait qu’elle a fait baver le publique avec des morceaux de son nouvel album, et celui-ci, empoisonné ne voulait pas la laisser partir. Malheureusement il fallait laisser place à la proclamation du concours. Et oui, il y a eu un concours féminin de photographie organisé pour honorer la mémoire de Bertino Bahati,un jeune photographe décédé l’an passé et qui faisait partie de l’équipe de communication du festival. Les photos des lauréates étaient exposées pendant le festival et celles-ci on été reconnaissantes de recevoir l’espace pour montrer leur talent mais surtout pour les prix. Et nous on sait que, de là haut, Bertino était et est fier d’elles.
Ce festival a été comme un défibrillateur pour les habitants de Goma qui étaient paralysés sans le savoir dans un univers monotone, de peur, d’ennui, surtout à cause de la guerre qui persiste dans la province. « Moi le message que je lance c’est de garder espoir, j’espère qu’un jour viendra où on vivra dans un monde joyeux et prospère. » Finissons par ce message de Ada Lulonga.